LES MAISONS D'ARGILE
LES MAISONS D'ARGILE
Dans les huttes des villages
Des pigeonniers construits par nous les pigeons.
Des briques passent d’une main à une autre comme des graines de maïs.
Nous n’espérons pas construire un gratte-ciel
Mais gratter des débris pour en faire des débris
Une pigeonne pleureuse crie dans son sommeil :
« Nos tours s’élèvent très haut et ne craignent pas la foule ! »
Entonnement, nous préparons les arcs et mâchons les mots
Nous sommes des idolâtres.
Une flèche a touché son visage bosselé.
Elle tombe abattue sur le barbelé
Inconsciente, elle ignore qu’à côté son aile est coupée,
Tremble paralysée,
Et ses plumes arrachées
Laissent sur sa peau des traces tatouées.
Les lois punissent le roucoulement
Vous n’êtes que tas de plumes à vendre ou acheter
Pourquoi pleures-tu ? Ton frère est mort en pleurant
A quoi sert de pleurer ? Est-ce l’envie de la guillotine ?
Dans les bars les verres tournent remplis de perles d’olives
Et le corbeau à l’aube dessine un sourire sarcastique
Les maisons d’argiles ne s’écroulent pas sous les projectiles !
Croyez-vous donc que ça les empêchent de prendre de la hauteur ?
Et si on les divise, la terre bouillonne et crache ses courges et ses fèves.
Au clair du fleuve du jour découvert
La lumière des torches des geôliers ne parvient pas à nous aveugler.
Même l’orgueil bégaie et capitule,
Appelant le mépris à faire la paix.
Soudain un sage garçon crie
« Ô troupeau de votre fille !»
Mais le troupeau reste dans la pénombre de l’ignorance.
Certains s’en vont, errants,
Et d’autres se sont noyés en voulant s’abreuver.
Les geôliers fabriquent des croix dans des troncs de palmiers,
Trinité de pailles, de képis et de trésors dissimulés
Qui va répondre au cri de de l’inexistence qui disparaît ?
Qui va faire de nos plumes de délicates plumes de paons ?
Le chadouf assume son rôle
et le Buffalo est lassé de tourner en rond
Les maisons d’argiles ne s’écroulent pas sous les projectiles !
Croyez-vous donc que ça les empêchent de prendre de la hauteur ?
Et si on les divise, la terre bouillonne et crache ses courges et ses fèves
Elle cueille une de ses plumes les yeux en pleurs
Et de son sang met un rouge à ses lèvres.
Les graines du riz quand elles s’unissent, forment une couronne
Prenez-en exemple !
Pauvre terre, le ciel aujourd’hui s’est abstenu de pleuvoir !
Les pigeons se massent
Se rassemblent pour la guerre
Certains prennent de la paille pointue
Des balles et des boutons à coudre comme boucliers
Hélas, ils nous ont mis aux pattes des bagues immatriculées !
Le cou entaillé,
la pleureuse chuchote quelque chose d’imperceptible
Dont j’ai réussi à déchiffrer ces mots :
“Combattez
Tuez le roi
Faites trembler les remparts ! “